L’émétophobie, ou la peur de vomir (du vomi)

Votre engagement dans ce processus est essentiel, et je suis là pour vous accompagner à chaque étape. Ensemble, nous travaillerons à comprendre et à surmonter votre phobie du vomi, en tenant compte de votre rythme et de vos besoins uniques.

Définition de l’émétophobie – Qu’est ce que la peur du vomi ?

L’ émétophobie (du grec εμετός, action de vomissement et φόβος (phóbos) qui signifie «terreur») est une peur intense et irrationnelle liée aux vomissements . Une phobie des vomissements, ou émétophobie, est une condition caractérisée par une peur disproportionnée de vomir ou d’autres vomissements, et est généralement associée à un sentiment accablant de perdre le contrôle, de devenir très malade. Cette phobie peut également inclure des sous-catégories qui provoquent de l’ anxiété , notamment la peur de vomir en public, la peur de voir vomir, la peur de voir quelqu’un vomir ou la peur de la phobie en cas de nausée . Les personnes atteintes d’émétophobie vomissent très peu, voire pas du tout, au cours de leur vie.

Les estimations de la prévalence de l’émétophobie suggèrent qu’il s’agit d’une phobie rare survenant dans environ 0,1% de la population. A l’ inverse, sous sa forme plus douce, la peur des vomissements est assez fréquent dans la communauté des estimations des taux de prévalence de points allant de 3,1 à 8,8%, et les femmes étant quatre fois plus susceptibles de souffrir de la peur des vomissements que les hommes.

La nausée et l’anxiété soudaines dans l’émétophobie semblent présenter de nombreuses similitudes avec le trouble panique et l’agoraphobie. La différence entre l’émétophobie et le trouble panique, cependant, est que la panique provoquée par le vomi est généralement d’ une durée beaucoup plus courte que celle du trouble panique. De plus, le comportement d’évitement des émétophobes couvre un éventail de situations plus large que celui observé dans l’agoraphobie. Les personnes émétophobes peuvent éviter de boire de l’alcool, de devenir enceinte… Comme c’est le cas de l’agoraphobie, à éviter les situations où l’idée vient à l’esprit de ne pas pouvoir se faire aider lorsque des signes corporels d’anxiété se manifestent.

Pour autant, comme l’amaxophobie, l’acrophobie ou la nyctophobie, c’est une phobie spécifique qui figure parmi les troubles anxieux.

Diagnostiquer l’émétophobie ou la peur de vomir

En tant que personne qui n’est ni médecin, ni psychologue, ni psychiatre, je peux vous offrir une synthèse informative sur l’émétophobie basée sur des sources générales? Je ne pose aucun diagnostique, seul un professionnel de la santé qualifié peut poser un diagnostic précis.

L’émétophobie, ou la peur excessive de vomir, est classée dans la catégorie des phobies spécifiques selon l’édition actuelle du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM). Pour qu’un diagnostic d’émétophobie soit établi, certains critères spécifiques doivent être remplis :

• La phobie doit engendrer une réponse d’évitement intense qui est très pénible pour la personne et a un impact significatif sur sa vie quotidienne. Cela se manifeste souvent par l’évitement d’un large éventail de situations ou d’activités considérées comme augmentant le risque de vomissements.
• Ces comportements d’évitement peuvent conduire à des conséquences graves comme une insuffisance pondérale significative due à la restriction alimentaire.
• Pour un diagnostic formel, les symptômes doivent correspondre aux critères du DSM pour une phobie spécifique. Les réactions phobiques sont automatiques et incontrôlables, pouvant inclure des tremblements, essoufflement, et problèmes digestifs. Les mesures prises pour éviter le déclencheur de la phobie sont souvent extrêmes et la réaction émotionnelle est généralement disproportionnée par rapport au risque réel. Pour un diagnostic d’émétophobie, ces symptômes doivent persister pendant six mois ou plus.

Emetophobie, quels sont les symptômes ?

Étant donné que l’émétophobie fait partie de la classification des phobies ou des troubles anxieux spécifiques, son tableau clinique est similaire au reste. Les symptômes inclus dans ce diagnostic peuvent être divisés en symptômes physiques, symptômes cognitifs et symptômes comportementaux .

Ces symptômes peuvent apparaître à la fois par la présence du stimulus phobique et par la simple imagination ou représentation mentale de celui-ci. En conséquence, les symptômes suivants peuvent apparaître dans l’émétophobie, classés selon les catégories précédentes:

La phobie des vomissements peut se développer spontanément ou à la suite d’une expérience de vomissement traumatique. Une fois qu’elle a commencé, votre peur peut s’intensifier. Pas à pas, vous évitez les endroits et les choses que vous associez aux vomissements, vous devenez de plus en plus hypervigilant, et la peur domine bientôt votre vie. Plus vous évitez, plus votre peur devient grande. Les habitudes alimentaires deviennent généralement strictes, et tout ce qui n’est pas familier ou avec la moindre possibilité de provoquer la maladie entraîne un contrôle compulsif et un évitement.

Les personnes qui souffrent de cette phobie souffrent souvent de troubles sociaux et professionnels importants, faisant de grands efforts pour s’assurer de ne pas vomir (semblable à quelqu’un qui craint les ascenseurs et monte 10 étages). Les enfants refusent d’aller à l’école ou de visiter la maison d’un ami, et les adultes manquent de travail et arrêtent de manger au restaurant. Une grande partie de la vie est évitée en raison de la peur des vomissements. Cela signifie passer à côté d’une grande partie de la vie et beaucoup de planification inquiétante et stratégique – tout cela pour éviter quelque chose d’inconfortable qui se produit rarement. L’incertitude de ne pas savoir quand cela se produira est ce qui cause tant de détresse.

Les symptômes physiques

• difficulté à respirer
• rythme cardiaque accéléré
• oppression thoracique ou douleur
• sensations de tremblements ou de picotements
• étourdissements
• maux d’estomac
• bouffées de chaleur ou de froid
• transpiration

Les symptômes émotionnels

• sentiments accablants d’anxiété ou de panique
• un besoin intense d’échapper à la situation
• détachement de soi ou se sentir «irréel»
• perdre le contrôle ou se sentir comme fou
• avoir l’impression de mourir ou de perdre connaissance
• se sentir impuissant face à l’obscurité

Les symptômes comportementaux

• Vous évitez les nouveaux aliments, les restaurants ou l’alcool.
• Vous évitez les aliments, les boissons ou les restaurants associés à des vomissements passés.
• Vous évitez de dire ou d’entendre les mots « vomir », dégeuler », « rendre ses compte », « gerber »
• Vous fermez les yeux lors de scènes de vomissements à la télévision ou au cinéma.
• Vous vérifiez les autres personnes pour des signes de maladie et évitez les hôpitaux et les personnes malades.
• Vous refusez de serrer la main des gens.
• Vous évitez les ordures et autres choses nauséabondes ou sales.
• Vous vous lavez excessivement les mains, ainsi que le nettoyage des aliments et des surfaces de préparation.
• Vous jetez la nourriture avant qu’elle n’ait atteint sa date d’expiration.
• Vous sentez et vérifiez excessivement les aliments.
• Vous faites trop cuire les aliments pour tuer les agents pathogènes potentiels.
• Vous utilisez des antiacides de manière préventive.
• Vous évitez de manger des aliments lorsque vous n’êtes pas à la maison.
• Vous vérifiez les emplacements des salles de bain.
• Vous limitez ou évitez les déplacements, l’école, le travail et les activités sociales.
• Vous prenez votre température excessivement ou surveillez votre corps pour d’autres signes de maladie.

La peur de vomir ou le dégout relatif au vomi est plutôt universel

La peur de vomir, tout en étant une réaction naturelle et commune, la peur et le dégoût associés au vomissement sont ancrés dans des mécanismes de défense naturels et évolutifs. Bien que cette peur soit normale à un certain niveau, elle peut devenir problématique lorsqu’elle est excessive ou lorsqu’elle interfère avec la vie quotidienne, comme dans le cas de l’émétophobie.

Vomir est en effet une réaction naturelle de l’organisme pour se débarrasser des substances nocives. En tant que tel, il est “normal” d’avoir une certaine aversion pour cette expérience. C’est une réponse instinctive visant à éviter la possibilité de consommer quelque chose de potentiellement dangereux ou toxique pour l’organisme. L’odeur du vomi, souvent associée à la maladie, déclenche donc une réponse universelle de dégoût. Il fonctionne comme un signal d’alarme, avertissant d’une potentielle source de maladie ou de contamination. Historiquement, être capable de détecter et d’éviter ces menaces augmentait les chances de survie.

L’hypnose et la régulation émotionnelle de l’émétophobie

Dans le cadre de l’hypnose pour traiter l’émétophobie, les techniques de désensibilisation jouent un rôle essentiel. Ces techniques visent à diminuer graduellement l’anxiété associée à la peur de vomir. Voici une explication plus détaillée :

Techniques de Désensibilisation Appliquées à l’Émétophobie

L’objectif principal de la désensibilisation dans le contexte de l’émétophobie est de réduire la réaction émotionnelle intense que l’idée ou la possibilité de vomir peut déclencher chez l’individu.

Relaxation profonde et Imagerie Guidée

Relaxation profonde: La première étape consiste à amener le patient dans un état de relaxation profonde. Cela est souvent réalisé par des techniques de respiration, de relaxation musculaire progressive, ou d’autres méthodes de relaxation guidée. L’état de relaxation aide à réduire l’anxiété globale et prépare l’esprit à une expérience hypnotique plus efficace.
Une fois détendu, nous pouvons utiliser l’imagerie guidée pour le confronter progressivement à l’idée de vomir. Cette exposition se fait de manière très contrôlée et graduelle, en commençant par des scénarios moins anxiogènes et en augmentant lentement l’intensité.

Étapes progressives

Le processus de désensibilisation se déroule en plusieurs séances, où chaque étape expose le patient à des scénarios de plus en plus proches de l’acte de vomir. L’idée est de s’habituer progressivement à l’idée sans déclencher une réaction phobique.
Pendant la confrontation, je veille à ce que vous soyez en capacité à gérer toute réaction émotionnelle ou physique qui survient. L’objectif est d’apprendre à rester calme et détendu, même en pensant à vomir.

Après chaque session, nous discutons des réactions et des progrès réalisés. Cette étape est cruciale pour renforcer les apprentissages et pour ajuster les étapes suivantes en fonction des réponses.

Hypnose, émétophobie, et résolution de conflits internes

Dans le contexte de l’émétophobie, les thérapies psychodynamiques offrent une approche approfondie pour explorer et résoudre les conflits internes qui peuvent alimenter cette phobie.

Exploration de l’Inconscient

L’émétophobie, comme de nombreuses phobies, peut avoir des racines dans des expériences inconscientes ou des traumatismes non résolus. Les thérapies psychodynamiques cherchent à explorer ces aspects cachés de la psyché pour comprendre l’origine de la peur.

• Recherche des Causes Profondes : L’objectif est d’identifier des expériences passées, peut-être oubliées ou négligées, qui ont pu contribuer à développer une peur intense du vomissement. Cela peut inclure des expériences traumatisantes d’enfance ou des situations où le patient a été exposé à des maladies ou à des situations où le vomissement était présent et perturbant.
• Analyse des Symboles et des Rêves : Les rêves et les symboles inconscients récurrents peuvent fournir des indices sur les conflits internes liés à l’émétophobie. L’analyse de ces éléments peut révéler des associations émotionnelles et des croyances enfouies qui alimentent la phobie.

Résolution des Conflits Internes

Une fois que les origines profondes de l’émétophobie sont identifiées, le travail thérapeutique vise à résoudre ces conflits internes.

• Dialogue Interne : Des techniques telles que le Voice Dialogue peuvent être utilisées pour aider le patient à reconnaître et à dialoguer avec différentes parties de lui-même. Par exemple, une partie peut être extrêmement anxieuse à l’idée de vomir, tandis qu’une autre peut juger cette peur comme irrationnelle ou honteuse.
• Intégration et Acceptation : Le but est d’aider le patient à comprendre et à intégrer ces différentes parties. En validant les peurs tout en reconnaissant leur impact disproportionné, le patient peut développer de nouvelles façons de penser et de réagir face à la peur du vomissement.

Travail sur l’Auto-Compassion et la Compréhension de Soi

La thérapie psychodynamique aide également les patients à développer une plus grande auto-compassion et une meilleure compréhension de soi. En reconnaissant que leur peur est une réponse à des expériences passées, les patients peuvent commencer à se détacher de la honte ou de la culpabilité associées à leur phobie.

Exemple récent d’une personne émétophobe en cabinet d’hypnose

Une femme, mère d’un petit garçon d’un an, est venue me consulter pour une émétophobie sévère. Après avoir mis en œuvre diverses techniques, dont l’hypnose, les thérapies psychodynamiques, et une séance dédiée à la stimulation bilatérale alternée pour diminuer son niveau d’activation, nous avons découvert ensemble l’origine profonde de sa peur du vomi.

Au cours de nos séances, elle s’est remémorée un événement marquant de son enfance. À l’âge de 5 ans, elle a dû s’occuper de sa mère, atteinte d’un cancer et souffrant de graves effets secondaires dus aux traitements de chimiothérapie. Ces traitements provoquaient chez sa mère des crises de vomissement fréquentes et intenses. Ces moments étaient extrêmement traumatisants pour la jeune fille. Non seulement elle était confrontée à la maladie et à la souffrance de sa mère, mais elle s’est également mise en responsabilité de l’aider, totalement submergée par la peur à l’idée que sa mère puisse la quitter. Le papa dans le même temps était totalement absent. Cette situation a créé chez elle une association profonde entre le vomi et une expérience émotionnelle douloureuse, déclenchant ainsi sa phobie qui a persisté à l’âge adulte.

En tant qu’émétophobe et nouvelle mère, elle était terrifiée à l’idée de devoir gérer des situations similaires avec son propre enfant. La peur de revivre ces moments traumatisants de son enfance, combinée à la crainte de ne pas être capable de prendre soin correctement de son fils en cas de maladie, a exacerbé son émétophobie.

Il semble qu’a l’issue de cet accompagnement cette personne se soit libérer de ces réactions émotionnelles envahissantes.