La peur d’avaler

En fonction de la tendance à percevoir les dangers et de la gravité objective de l’épisode vécu, la peur que de la nourriture se coince dans la gorge peut-être envisagée quelques fois en imaginant les pires scénarios . Il faut ajouter que cette peur peut devenir très intense, même sans avoir vécu un épisode de ces caractéristiques à la première personne. Parfois, le simple fait d’être témoin suffit pour que la peur atteigne le degré de phagophobie .

La phagophobie, ou peur d’avaler, est une phobie relativement rare et assez spécifique . Elle est parfois confondue avec la pseudodysphagie (la peur de s’étouffer). La différence majeure est que les personnes atteintes de phagophobie ont peur de l’acte de déglutition, tandis que celles atteintes de pseudodysphagie ont peur que la déglutition entraîne un étouffement.

Les deux peurs sont parfois confondues avec des conditions médicales telles que la dysphagie et l’odynophagie, dans lesquelles un trouble physiologique entraîne une déglutition difficile ou douloureuse.

Peur de s’étouffer: quand avaler est-il dangereux?

Si le processus de déglutition est généralement totalement automatique, s’inscrivant dans une logique habituelle lors de l’alimentation, il est important de comprendre que le processus de déglutition est également étroitement lié aux émotions notamment dans une pure logique de survie. En effet, Notre cerveau veille à ce que si un aliment devait avoir un gout ou une texture inappropriée, nous puissions nous en débarrasser dès que possible.

De cette façon, si nous n’aimons pas quelque chose, les réponses de rejet sont exacerbées pour que rien de mauvais n’entre dans notre corps . Ainsi dans ces situations, nous pouvons ressentir des nausées, ou des blocages au niveau de la gorge qui peut se resserrer. La glotte est bloquée par une augmentation de la tension musculaire et des réactions de type spasme. Ainsi, ne pas laisser passer la nourriture dans certaines situations est le moyen de s’occuper de son propre instinct de survie.

Étant donné que les muscles de la gorge peuvent se contracter lors d’épisodes d’anxiété, les stratégies d’adaptation visent généralement à rester calmes. Certaines personnes trouvent que regarder la télévision ou écouter de la musique en mangeant offre une distraction bienvenue qui fait de la mastication et de la déglutition une expérience moins intense.

Certains trouvent que prendre une gorgée de liquide à chaque bouchée facilite le processus de déglutition, tandis que d’autres évitent les aliments qu’ils trouvent irritants ou durs.

La plupart du temps, face à cette peur, chacun va essayer de trouver des stratégies d’adaptation mais peut également mettre en place des stratégies d’évitement : ne plus aller au restaurant, ne plus vouloir se faire inviter à manger…

Réponses corporelles volontaires ou automatiques

Il existe d’innombrables réponses automatiques que le corps régule par lui-même et auxquelles nous n’avons normalement pas à nous occuper. Parmi ceux-ci, on peut citer la dilatation des pupilles, la transpiration ou la réponse cardiaque. Il y en a quelques-unes qui peuvent être réglées automatiquement mais dans lesquelles nous sommes également capables de prendre le contrôle quand nous le décidons . Parmi eux, le rythme respiratoire, la relaxation des différents sphincters, et bien sûr la déglutition des aliments.

Lorsque nous prenons en charge consciemment l’acte de déglutition, il doit coordonner des réponses qui se synchronisent normalement d’elles-mêmes , et, quand il y a une peur sous-jacente, nous devenons plus maladroits et finalement, plus rien ne coule de source au moment de avaler. Dans des situations comme celle-ci, nous nous donnons des instructions contradictoires. Des tensions internes existent, des contradictions, une partie de moi me dit «d’avaler» et d’autres me disent «attention». Et bien entendu, plus la sensation de danger est grande et plus nous éviterons d’amener la nourriture à l’arrière de la bouche.

C’est généralement un cercle vicieux, le temps dans ce genre de cas joue rarement en notre faveur, et c’est souvent bien impuissantes que les personnes concernées observe les situations se dégradées.

Les causes de la peur d’avaler

La phagophobie ou la peur d’avaler s’origine souvent sur un terrain anxieux. Cependant, certaines personnes peuvent avoir vécu quelque chose de traumatisant qui peut les amener à la phagophobie. La chirurgie pour enlever les amygdales avec ses conséquences douloureuses, avoir un parent qui a souffert d’un cancer de la tête et du cou, ou toutes autres situations traumatisante peuvent être à l’origine du développement de cette peur.

L’hypnose pour dépasser la peur d’avaler

L’hypnose peut être un outil efficace pour surmonter la peur d’avaler. L’hypnose fonctionne en aidant les individus à gérer et à réduire l’anxiété associée à l’acte de déglutition, souvent par le biais de la relaxation, de la visualisation et de la restructuration cognitive.

Dans une étude de cas spécifique, un jeune patient souffrant de phagophobie a été traité avec succès grâce à l’hypnose. Après 12 séances d’hypnose réparties sur une période de cinq mois, la patiente, qui avait auparavant perdu un poids significatif en raison de sa peur de déglutir, a montré une amélioration notable. Elle a continué à perdre du poids jusqu’à ce qu’elle atteigne 85 livres, indiquant un état de santé sous-optimal. Le traitement par hypnose a consisté à travailler sur la peur d’avaler et a abouti à une amélioration significative. Suite à une légère rechute déclenchée par des conflits avec des pairs, quatre séances supplémentaires d’hypnose ont été menées, après quoi les symptômes de la patiente se sont de nouveau améliorés. Lors de la dernière séance, la patiente a partagé une pizza avec le thérapeute, démontrant ainsi qu’elle avait surmonté sa peur de déglutir. Ce cas illustre l’efficacité de l’hypnose dans le traitement de la phagophobie et montre comment elle peut être utilisée pour surmonter des peurs spécifiques liées à des actions corporelles essentielles comme la déglutition​​.

Cette étude souligne le potentiel de l’hypnose dans le traitement des phobies spécifiques et la gestion de l’anxiété, en mettant l’accent sur la capacité de l’hypnose à reprogrammer les réponses émotionnelles et physiologiques associées à des stimuli spécifiques.